Le Cercle des Futures Licornes s’est récemment réuni pour approfondir un enjeu stratégique : concilier une stratégie ESG et lever des fonds.
Pandémie, guerre et inflation ont éprouvé l’écosystème entrepreneurial français pourtant en bonne forme en 2022. Dans l’année écoulée, les valeurs des levées de fonds ont augmenté de 17% se situant à 13,5 milliards d’euros. Cette hausse se conjugue à l’apparition de 8 nouvelles licornes et à un dynamisme particulièrement marqué dans les services internet et les logiciels, dont les pépites ont chacun levé près de 3 milliards d’euros. Fintech et Cleantech ne sont pas loin derrière et contribuent à faire de la France un pays européen qui résiste très bien au contexte actuel, alors que la valeur des levées de fonds en Allemagne a diminué de 38% et de 14% au Royaume-Uni.
Dans ce contexte, « la profitabilité s’est substituée à l’hypercroissance comme indicateur de performance », a souligné Marc Lefèvre, Managing Director – Head of Western Europe. « Et l’ESG participe à cette performance ».
Des business model entiers émergent à partir de l’intégration de l’ESG et pilotent la performance d’entreprises. C’est le cas de Deepki, lauréate du Trophée des Futures Licornes dans la catégorie ESG en 2022 et dont la mission est de décarboner le secteur de l’immobilier. « L’ESG crée de la valeur, la gouvernance crée l’ESG » a répété Grégoire de Beaumont, Directeur Commercial France de Deepki. L’ESG crée même des emplois, tels que celui de consultant ESG, des talents sortis des meilleurs écoles d’ingénieurs qui choisissent, au sein de Deepki et ailleurs, de changer le monde positivement en accord avec leurs valeurs. La complexité des critères ESG invite d’ailleurs à renforcer la gouvernance, en évitant les biais dans la prise de décisions, la sélection des indicateurs et le recrutement des talents.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large d’adaptation de la part des entreprises et des investisseurs.
Plusieurs réglementations accompagnent cette adaptation pour permettre une « harmonisation de langage » entre les différents acteurs, entreprises et investisseurs, comme l’a exprimé Charles-Henry Aulagner, directeur du développement de l’ESG chez Scope Group.
Il s’agit notamment de la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) qui obligera les entreprises à prendre en compte la double matérialité de leurs actions, soit leurs impacts de l’entreprise sur des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. A l’échelle des investisseurs, le règlement Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) vise à s’assurer que les investisseurs intègrent des critères ESG dans leur choix et le pilotage de leurs activités.
La prise en compte des critères ESG est d’ailleurs une tendance de fond parmi les investisseurs tels qu’Emilie da Silva, Gérante et Directrice de la gestion Actions chez Eiffel Investment Group. « Les acteurs prennent conscience que l’ESG est un pilier de création de valeur. « Le travail de collecte de données extra financières ne s’inscrit pas uniquement dans une exigence de reporting, au contraire il présente une véritable opportunité pour l’entreprise de pouvoir piloter sa performance ainsi que ses impacts sociaux et environnementaux », insiste-t-elle. Il est possible d’accompagner les entreprises souhaitant intégrer ces critères, à l’image des audits d’empreinte carbone financés en partie par Eiffel Investment Group.
Le sujet présent en arrière-plan est plus généralement celui de la durabilité des actions de l’entreprise et de ses relations avec les différentes parties prenantes. C’est un enjeu économique, en témoigne l’exigence croissante des investisseurs pour la double matérialité, et c’est un enjeu réglementaire pour l’Europe : avec la directive CSRD et le règlement FSDR, l’Union Européenne a le potentiel de diffuser ses règles et de susciter l’intérêt des investisseurs étrangers, exigeants et souhaitant se tourner vers des modèles durables et porteurs d’avenir.