Le Père Noël a-t-il oublié les marchés européens ?

Est-ce Noël avant l’heure pour le financement de l’économie mondiale ? La Réserve fédérale américaine a annoncé que ses taux avaient probablement atteint leur pic entre 5,25% et 5,50% et qu’ils devraient baisser en 2024. La Banque centrale européenne a elle aussi prolongé la pause des hausses de taux d’intérêt.

Ces annonces signifient un assouplissement des conditions de financement, notamment pour les entreprises. En 2023, la diffusion d’une politique monétaire marquée par des hausses de taux successives a créé un « grand froid financier » dans lequel les investisseurs sont plus frileux et la plupart des entreprises peinent à emprunter ou lever des fonds. Il y a bien entendu des exceptions comme les entreprises spécialisées dans l’IA ou comme Jérémy Uzan et Raffi Kamber, fondateurs de Singular, société de gestion qui vient d’annoncer le closing d’un fonds de 400 millions d’euros.

Reviendra-t-on au « monde d’avant » ? Probablement pas. L’environnement macroéconomique tendu aura incité les acteurs à faire preuve de plus de rationalité et de vigilance sur les investissements effectués. C’est l’âge de maturité. Pour les investisseurs, cela se traduit par une prise en compte, comme le font les Trophées des Futures Licornes depuis 2018, d’autres critères que les levées de fonds : rentabilité, maturité du marché, qualité de la gouvernance, présence d’une technologie propriétaire, critères ESG…

Mais ces modifications sur la psychologie des marchés ne doivent pas être surévaluées : si ces changements s’enracinent, cela se fera petit à petit sur le long terme. Cette évolution reposera beaucoup sur les acteurs de marché et leur capacité à ne pas oublier 2023 car l’oubli coûte cher comme l’illustre le cas des soignants. Un temps applaudis aux fenêtres, ils sont depuis retombés dans une certaine indifférence dans l’opinion après la pandémie de Covid-19.

À court terme, un risque plus urgent se pose : le retard à l’allumage des moteurs de l’économie européenne. Si la Fed a envoyé des signaux très positifs au marché, la BCE a adopté un ton beaucoup moins accommodant sur les baisses de taux. À l’image de l’inflation Reduction Act aux États-Unis, si l’Union Européenne ne peut pas relancer ses moteurs de croissance au même rythme que ses concurrents, mais néanmoins partenaires, alors ce sont tous les acteurs économiques qui pourraient en pâtir, y compris les Futures Licornes qui prouvent chaque jour qu’impossible n’est pas français.