Ces dernières années, l’environnement des startups européennes a connu quelques « montagnes russes », expression employée à dessein. Du Covid-19 à la guerre en Ukraine, en passant par l’inflation et l’explosion de la facture énergétique, les marges de manœuvre de beaucoup d’entreprise se sont réduites. Ce phénomène s’observe notamment avec une baisse brutale des financements à destination de ces startups : comme le révèle l’étude Atomico, ceux-ci, en hausse jusqu’en 2022 pour atteindre 82 milliards de dollars, tombent à 45 milliards de dollars en 2023. Cette réduction, bien qu’importante, doit toutefois être mise en perspective.
Nous vivons au temps du grand froid financier : à l’image du taux d’intérêt de la Banque Centrale Européenne porté à 4%, les hausses répétées des taux par les banques centrales ont renchéri le coût de l’investissement. Le nombre de nouvelles licornes est même passé de 7 en 2023 contre 48 en 2022 en Europe. Que faut-il en déduire ? Les investisseurs sont plus prudents et lever des fonds devient plus complexe.
Mais il y a encore de l’espoir dans le grand froid. Malgré cette baisse de 82 milliards de dollars à 45 milliards de dollars, le niveau de financement des startups européennes reste supérieur de 18% à celui de 2020, signe d’une certaine robustesse. La France demeure quant à elle à la deuxième position à l’échelle européenne, devant l’Allemagne.
Peut-être est-ce le moment de s’interroger, collectivement, sur le « thermomètre » du grand froid financier et les critères sélectionnés pour évaluer la santé de l’écosystème et des entreprises européennes. Les levées de fonds sont des éléments pertinents mais, seuls, ils ne dressent qu’un portrait partiel de la réalité : la rentabilité, la qualité de la gouvernance, la maturité du marché, l’avancée technologique… Autant de critères pris en compte depuis plusieurs années par le jury des Trophées des Futures Licornes comme l’a récemment rappelé Jean-Pascal Brivady dans Challenges.
L’écosystème est ainsi entré dans l’âge de maturité : le marché est sélectif et les entreprises qui en bénéficieront seront les Futures Licornes avec les modèles économiques les plus éprouvées, dotées d’une gouvernance suffisamment robuste. Par ailleurs, le fait que la greentech représente 27% des investissements dans des startups européennes en 2023 montre aussi une attention portée vers des modèles ancrés dans le temps long par nature avec un marché considérable à acquérir. En ligne de fond, ces tendances illustrent une évolution vers des investissements plus stratégiques, à l’image des priorités changeantes de la société et de l’économie mondiale.