Source : © Le Journal du Net
Les start-up françaises nous ont habitué aux grosses levées de fonds avant l’été ; 2022 ne dérogera pas à la règle. En juin, 2,315 milliards d’euros ont été levés lors de 112 opérations, dont 9 franchissant la barre des 50 millions. Deux des levées de fonds réalisées sur cette période ont d’ailleurs permis de confirmer une licorne et d’en accueillir une nouvelle : EcoVadis, spécialisée dans la performance RSE des entreprises et NW Groupe, spécialisée dans le développement des technologies de stockage d’énergie.
Parmi les secteurs qui ont le plus récolté de fonds en juin, on retrouve les start-up e-RH avec 581,2 millions en 9 opérations (porté par la levée de fonds de 479 millions d’euros d’EcoVadis). Les start-up de l’énergie occupent la seconde place du classement avec 312 millions d’euros récoltés en 4 opérations (dont 300 millions d’euros levés par NW Groupe). Jamais loin, les start-up de la Fintech bouclent 20 tours de table et séduisent les investisseurs à hauteur de 258,8 millions d’euros.
La FrenchTech ne compte pas s’arrêter là l’année 2022 promet déjà de dépasser les volumes de 2021. En effet, sur le premier semestre 2022, le montant total des fonds levés par les start-up de la Frenchtech s’élève à 8,4 milliards d’euros. En 2021, c’était 10,3 milliards sur l’année complète.
Néanmoins un vent nouveau souffle l’écosystème start-up en matière d’investissement. Alors que la pandémie avait encouragé les investisseurs à se tourner vers les start-up, qui offraient l’espoir de fortes croissances dans un contexte de taux bas, le retournement des marchés financiers et la hausse des taux refroidissent leurs ardeurs.
« Le Nasdaq dégringole depuis novembre et la baisse n’est pas forcément terminée », observe Jean-David Chamboredon, qui dirige le fonds d’investissement Isai. « Par contagion, le nombre de deals ‘late stage’ [les start-up déjà mûres qui lèvent de l’argent, NDLR], ‘mid stage’ et même ‘early stage’ [au tout début de la vie des start-up, NDLR] a baissé. »
Les facteurs derrière cette baisse sont multiples. Mais la remontée des taux directeurs décidée par les banques centrales pour lutter contre l’inflation arrive en tête des préoccupations du capital risque. La baisse des valorisations est en effet directement corrélée à la hausse des taux.
Face à ces incertitudes, les investisseurs redoublent de prudence. « Par rapport à novembre, les critères des fonds d’investissement ont changé », commente Frédéric Plais, le PDG de Platform.sh, une start-up spécialisée dans la transition des entreprises vers le cloud qui vient de lever 140 millions de dollars.
Il y a encore quelques mois, les fonds d’investissement regardaient surtout la croissance des entreprises, explique l’entrepreneur. Désormais, ils vérifient que les start-up font un usage optimal de l’argent qui leur est confié. Celles qui « brûlent » le plus de cash, ainsi que celles qui avaient l’espoir d’entrer en Bourse à court terme, sont les premières sanctionnées.« J’ai senti une différence énorme dans l’approche des investisseurs », renchérit Mathilde Collin, la cofondatrice et PDG de Front, qui vient elle aussi de boucler une levée de fonds « Les questions qui nous ont été posées étaient différentes : est-ce que vous êtes profitable ? A quel moment voulez-vous être profitable ? Comment allez-vous réduire les dépenses au fil du temps ? […] Toutes ces questions m’étaient très peu posées avant », affirme-t-elle.