La crise sanitaire a complètement modifié la manière dont nous appréhendions le monde de l’industrie ; les ruptures d’approvisionnement et les pénuries à la chaine ont braqué les projecteurs sur un nouveau type d’acteurs : les start-up industrielles. En France, on en compte 1500 soit 12% des start-up françaises. Même si certaines appartiennent au Next40, la majorité d’entre elles peine à trouver des capitaux pour leur permettre de passer à la phase d’industrialisation.
Il est vrai que la première problématique face à laquelle se retrouve confronté un investisseur lorsqu’il souhaite investir dans une start-up industrielle, c’est le temps. Les projets sont pour la plupart avec des horizons très longs, ce qui est en contradiction avec la perspective d’investissement des fonds en capital-risque, qui se situe plus entre 5 et 10 ans.
Au facteur temps, s’ajoute le sujet « compétences des fonds. ». Les compétences internes demandées sont très particulières et demandent une compréhension fine du secteur et de ses marchés. Ce n’est pas une question d’algorithme ou de technique. Or, dès 2018, le cabinet Korn Ferry alertait sur la pénurie des profils qualifiés dans l’industrie, et prédisait au niveau international un manque de près de 8 millions de profils cadres ou managers – qui seraient les plus à même de conseiller ou rejoindre les fonds.
Alors, les start-up industrielles doivent-elles se tourner vers d’autres acteurs ? « On pourrait imaginer que les corporate ventures capitalists (CVC), qui sont à l’initiative des grands groupes industriels, proposent une solution plus adaptée aux start-up industrielles. Mais comme le souligne le baromètre Deloitte, ces structures sont encore trop peu nombreuses en France. Et surtout, elles préfèrent financer les start-up qui viennent de l’étranger, explique Caroline Granier, chargée d’études économiques à la Fabrique de l’industrie. Leur intérêt, c’est de développer de nouveaux marchés ou d’acquérir de nouvelles compétences. »
C’est pourquoi les freins ne doivent pas décourager les fonds. « Une fois la production lancée, la barrière à l’entrée est très élevée pour les concurrents. La croissance de l’entreprise est donc garantie pendant longtemps », promet Jérôme Faul, directeur du fonds d’investissement Innovacom qui compte 15 start-up industrielles parmi son portefeuille.
Le développement d’un écosystème qui rassemblerait start-up, grands groupes industriels, centres de formation et de recherche, acteurs publics et financeurs serait également une solution.
Sans doter d’un visage figé un tel écosystème, Caroline Granier insiste sur le besoin de cohésion et d’horizon commun entre les acteurs d’un territoire pour qu’il aboutisse. « La vraie condition pour que l’écosystème fonctionne, c’est de réussir à créer un projet de territoire. La start-up dynamisera le territoire, les financeurs la feront grandir, les institutions la soutiendront, les élus inciteront la formation… »
Malgré les difficultés, les fonds d’investissement constituent donc un atout majeur pour les start-up industrielles. Mais sans le soutien d’un écosystème plus global, celles-ci ne pourront pas développer tout leur potentiel.
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