Il n’y a pas que les membres du Conseil constitutionnel qui savent lire et interpréter des articles : l’ESG Manager sait aussi le faire, avec des domaines de compétences davantage centrés sur l’investissement, la finance, l’environnement, la société et la gouvernance des entreprises.
Contrairement aux Sages de la rue Montpensier, l’ESG Manager n’a pas de CDD de 9 ans, non renouvelable. Quoiqu’il statue lui aussi sur des articles 8 et 9, son texte de référence, le Sustainable Financial Disclosure (SFDR), n’a pas la complexité de la Constitution de la Vème République mais nécessite aussi un bon degré de compréhension juridique, technique et administrative. L’ESG Manager ne répond pas à des questions prioritaires de constitutionnalité sur des sujets sensibles mais il doit aussi traiter d’enjeux complexes et pressants.
La lente apparition du rôle d’ESG Manager répond à une pression réglementaire croissante, notamment dans l’Union Européenne. Il y a en effet nécessité de produire, fournir et donner de l’information à partir des activités des gérants d’actifs. Le règlement SFDR en vigueur depuis mars 2021 améliore la transparence et la qualité de l’information sur le degré de durabilité des produits financiers, leurs externalités positives et négatives et l’atteinte d’objectifs sociaux et environnementaux.
Ce nouveau métier, aux frontières de l’expertise juridique, technique et administrative, intervient aussi dans un contexte où les gérants d’actifs ont tout intérêt à montrer leur implication sur le sujet. Être en mesure de donner des indicateurs chiffrés détaillés sur ses activités est pour un gérant un moyen de répondre à une préoccupation qu’ont des souscripteurs.
Le SFDR interroge donc le reporting de la durabilité de la part des sociétés de gestion d’actifs mais aussi de la part des fonds de capital-risque et des Future Licornes qu’ils ont dans leur portefeuille. Dans le cadre du Pacte Vert pour l’Europe, la directive Corporate Sustainability Reporting, dont l’entrée en vigueur à partir de 2024, va peut-être amener à la multiplication des postes d’ESG Managers au sein des pépites qui opèrent sur le sol européen. En effet, à compter de son entrée en vigueur progressive à partir de 2024, cette directive obligera toutes les entreprises de plus de 250 salariés à se conformer à des exigences renforcées en matière de qualité et de disponibilité des données ESG.
Cela nécessite-t-il pour autant un poste dédié à cette seule question ? Le rôle de « tour de contrôle de l’ESG » au sein d’une société de gestion d’actifs peut présenter une certaine pertinence et peut compléter les travaux des bons gérants qui connaissent déjà leurs portefeuilles, leurs activités et leurs externalités. Toutefois, la frontière entre « compléter » et « répéter » peut-être subtile et alourdir la charge administrative pour des sociétés évoluant déjà dans un environnement réglementaire exigeant.