Les Futures Licornes ne tombent pas du ciel, et encore moins de l’espace

Ces derniers jours, les yeux du monde entier étaient rivés sur Boca Chica dans le Texas. Après 3 minutes de vol, la fusée Starship lancée par SpaceX a explosé avant de s’échouer dans le golfe du Mexique. La conquête de l’espace attendra encore un peu même si ce décollage aura permis de collecter d’importantes données pour mieux préparer et réussir les lancements suivants.

En matière d’espace extra-atmosphérique, il n’y a pas que la Terre et il n’y a pas qu’Elon Musk. Tout comme il y a une quantité gigantesque de planètes, il y a une myriade d’acteurs français et européens ambitieux et ayant développé une véritable expertise. Les Futures Licornes françaises sont elles aussi sur la rampe de lancement, prêtes à faire avancer la science et les applications industrielles des technologies du New Space.

Kineis, pépite repérée par notre jury dès 2021, est l’un des atouts français dans l’espace. Spin-off du Centre National d’Études Spatiales et de CLS (Collecte, Localisation, Satellites) créé en 2019, l’entreprise dirigée par Alexandre Tisserant a levé 100 millions d’euros en 2020 pour accélérer dans la préparation de lancement d’une constellation de 25 nano-satellites. Cette constellation visera à améliorer les balises Argos permettant la localisation et la collecte de données géo-positionnées, procédé utile notamment au suivi des animaux, et elle renforcera la connectivité des objets connectés sur Terre.

Cette Future Licorne ne tombe pas du ciel, et encore moins de l’espace.

Kineis est le fruit de l’ingéniosité de talents français pour qui impossible n’est pas français et qui évoluent dans un cadre européen qui fait de l’espace une priorité. Le récent lancement de la sonde JUICE, le projet de constellation satellitaire IRIS² récemment adopté par le Parlement Européen, mais aussi Galileo, le système européen de géolocalisation, Copernicus, la constellation de satellites d’observation et tant d’autres projets illustrent les ambitions européennes dans l’observation spatiale et la recherche. Cet élan est également lié à un rapprochement des établissements de formation, des administrations (European Space Agency), des industriels (Eutelsat, Thales, ArianeGroup…) qui travaillent de concert pour que l’Europe soit une puissance sur laquelle compter dans l’espace extra-atmosphérique et au-delà.

Au-delà des aspects techniques et technologiques, c’est tout un imaginaire autour des enjeux de l’espace qui est en jeu. Face à la vision dystopique qui a longtemps prévalu, une réinvention des imaginaires a lieu, notamment avec des cerveaux tels que ceux réunis par Amazonies Spatiales, un projet de la première résidence d’écriture décentralisée dédiée aux imaginaires sur l’espace. « On doit parvenir à embarquer toute la diversité du monde dans cette reconstruction des imaginaires », rappelait récemment François Xavier Petit, Directeur Général de Matrice, un institut d’innovation technologique et sociale. Comptons aussi sur les Futures Licornes de l’espace pour embarquer tout ce monde.