Réindustrialisation : l’atelier du monde est-il désormais à l’Ouest ?

Innovafeed vient d’inaugurer sa première usine à l’étranger à Decatur (Illinois) dans le Midwest américain. Avant la Future Licorne, d’autres entreprises ont franchi l’Atlantique pour y poser leurs valises industrielles. Comme le rappelle Jean-Philippe Thierry (vice-président de l’association Start Industrie) dans Les Échos, les facteurs qui poussent à faire ce choix sont notamment l’accès au marché américain et à ses matières premières. Nul doute que les flambées des prix de l’énergie en Europe sur les dernières années ont refroidi les ardeurs de certains industriels.

Au fond, c’est une concentration de la chaîne de valeur autour du marché que l’entreprise souhaite pénétrer afin de le comprendre au mieux, d’être à l’écoute de ses clients, que l’entreprise soit BtoB ou BtoC, et de réduire l’empreinte carbone liés à l’acheminement de produits entre filiales, ainsi que les dépenses qui y sont associées.

Si les États-Unis sont capables d’attirer des projets d’usines d’entreprises françaises, cela peut susciter des interrogations : la France est-elle assez compétitive ? Peut-elle le rester, faute de voir partir plusieurs de ses (futurs) fleurons ?

Il y a matière à nuancer. Les Etats-Unis ont une économie très performante dont la santé est prouvée. Des mécanismes comme l’Inflation Reduction Act incitent à l’investissement dans des technologies et marchés en plein développement.

Mais d’autres critères sont considérés au moment de choisir le lieu d’implantation de son usine, notamment le niveau de formation de la main d’œuvre et la sécurité et la stabilité de la vie économique. C’est d’autant plus vrai dans des marchés radicalement nouveaux comme ceux que construisent les Futures Licornes, à l’image d’Innovafeed et ses protéines d’insectes ou de Verkor et ses batteries automobiles : la qualité des infrastructures et des talents sur place joue beaucoup.

Dans ce cadre, la France a des atouts et des champions de la formation. Une Future Licorne a vocation à déployer ses ailes dans le monde entier. Se réjouir de l’internationalisation de ces jeunes championnes est nécessaire car elle peut leur permettre de gagner en compétitivité et ainsi renforcer le rayonnement de la France.

Sans oublier les leviers que la France peut encore améliorer pour faire vivre l’industrie, notamment dans la simplification. Récemment, le gouvernement a présenté 55 sites clés en main en France sur lesquels peuvent d’ores et déjà être implantés des projets industriels. 30 de ces sites sont des friches industrielles et 25 sont des terrains vierges. L’idée est de permettre aux investisseurs d’avoir un aperçu rapide de ce vers quoi ils peuvent se projeter, en particulier si cela s’accompagne de l’essor de Futures Licornes.