Les chiffres ne mentent pas : selon les données collectées par Invyo et publiées dans Les Echos, 36 % des fondateurs de licornes européennes restent à la tête de leur entreprise en tant que PDG, tandis que 4,2 % choisissent de revenir vers des fonctions plus techniques ou opérationnelles en tant qu’ingénieurs par exemple. Pourquoi des dirigeants décident-ils de quitter le sommet de la hiérarchie pour se rapprocher du terrain ? Et si la réponse résidait dans une forme de quête de sens, thème déjà traité à foison au sujet des salariés, mais traversant aussi toutes les strates du monde du travail ?
Qui dit quête de sens dit engagement au travail. En Europe, d’après le récent « State of the Global Workplace » de Gallup pour 2024, 21% des employés se disent engagés dans leur travail, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne mondiale.
En l’absence de statistiques ciblées sur les dirigeants d’entreprises, a fortiori d’entreprises européennes, on peut tout de même s’interroger sur l’existence de ce phénomène chez cette population. Le quotidien à la tête d’une entreprise, singulièrement d’une Future Licorne, la pression qui va avec, peuvent les éloigner des raisons pour lesquelles ils ont lancé leur startup. À cela peut également s’ajouter une perte de connexion avec le cœur du métier, les équipes et les problématiques concrètes.
L’article des Echos cite notamment David Durrleman, cofondateur de Shift Technology, licorne récompensée par notre jury en 2018, comme une illustration de cette tendance. En 2022, il a quitté ses fonctions de dirigeant pour redevenir ingénieur, et revenir à ses premiers amours techniques. Même constat pour Ivan Schneider, l’un des créateurs de Doctolib, entreprise récompensée en 2018, qui a choisi de devenir « solution architect », spécialisé dans des défis techniques, loin des responsabilités managériales. Plutôt qu’un repli, il s’agit d’un repositionnement stratégique et d’une lucidité par rapport à soi-même : un vrai leadership. La quête de sens des leaders, l’impensé en entreprise ?