Fini Mykonos. Adieu Santorin. Heureusement, la planète est suffisamment grande pour pouvoir s’émerveiller ailleurs. Evaneos, notre Future Licorne spécialisée dans les séjours sur mesure, a annoncé mettre fin à ses offres estivales vers Mykonos et Santorin à partir de 2025.
C’est un choix courageux, comme le rappelle Challenges : les deux destinations représentent à elles seules 30% des séjours vendus par la plateforme et la Grèce trône quant à elle à la troisième place des destinations les plus vendues par Evaneos. Voici un exemple de la mise en place d’une politique fondée sur la notion d’impact. Ce n’est plus un mot, ce sont des actes. Et l’entreprise dirigée par Aurélie Sandler et Laurent de Chorivit n’en est pas à son coup d’essai : en 2023, Evaneos avait déjà retiré définitivement de son offre les séjours de cinq jours ou moins pour les destinations lointaines nécessitant le plus souvent de voyager en avion. Exemple : un Paris – Lisbonne ou un Paris – Rome. L’objectif est de réduire le surtourisme, d’inciter à se tourner vers des voyages peut-être moins fréquents, mais plus longs et dans des destinations potentiellement moins prisées.
Evaneos, identifiée par le jury des Trophées des Futures Licornes, est fidèle à ses convictions et à sa vision long terme. Depuis 2009, l’entreprise propose des séjours qui limitent le surtourisme, et partagent les revenus directement avec les agences locales contrairement à ce que peuvent faire des circuits plus standardisés.
Ce pied de nez au surtourisme est une réponse à un phénomène très réel. 95 % des touristes visitent seulement 5 % des destinations mondiales, ce qui met sous pression économique et environnementale ces destinations du top 5%, sans parler des habitants de ces lieux également mis sur les nerfs.
Alors comment répondre à ce défi ? Les solutions trouvées doivent tenir compte du poids du secteur touristique dans l’économie : il peut représenter jusqu’à 10% du PIB mondial dans ses meilleures années. Les acteurs de l’offre de voyage ont donc une vraie responsabilité face à cette transformation.
La question qui se pose est aussi celle du temps et de l’évasion. Quel temps accordons-nous au véritable voyage ? Comment interpréter les nuées de téléphones brandis devant le Mont-Saint-Michel, la Tour de Pise (et demain Notre-Dame) ? Dans Le Voyage, Baudelaire écrivait : « Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers. ». La future offre de voyage sera-t-elle celle qui nourrit davantage les écrins des riches mémoires plutôt que les stories de réseaux sociaux ?