« En Asie, il nous a fallu entre 6 et 8 mois pour créer un nouveau hub », Marlène Luce (Descartes Underwriting)

Les Futures Licornes étaient d’humeur matinale mercredi 14 juin et se sont retrouvées chez Business France pour un petit-déjeuner en compagnie de Laurent Saint-Martin, Directeur général de Business France. Cela a été une vraie discussion avec les experts Asie de Business France. Spécialement présents pour l’occasion, ceux-ci ont donné leurs clés pour réussir un développement en Asie.

Lorsqu’elles réfléchissent à une première expérience à l’export, les entreprises ont tendance à regarder à l’Ouest. Or, l’Est présente de grandes opportunités, notamment en Asie et dans les activités technologiques. C’est pourquoi, comme l’a rappelé Laurent Saint-Martin, « les entreprises doivent se préparer, anticiper et penser à l’Asie dès le début de leur réflexion sur l’international ».

Descartes Underwriting, Future Licorne identifiée en 2022 par notre jury, a adopté cette approche dès les premières phases de son internationalisation. Lancée en 2018, Descartes Underwriting propose aux entreprises et aux gouvernements des solutions d’assurance dite “paramétrique” pour s’assurer contre les (nombreux) risques climatiques. La spécificité de cette assurance est de corréler le déclenchement de l’indemnisation avec l’atteinte d’un paramètre précis préalablement défini au contrat, permettant ainsi d’apporter une réponse à la fois rapide et transparente.

Comme l’a expliqué Marlène Luce, Chief of Staff chez Descartes Underwriting, l’entreprise assurtech a déployé des hubs commerciaux à Singapour, en Australie, à Hong-Kong et au Japon. « Il nous a fallu entre 6 et 8 mois pour créer chaque nouveau hub. Les régulateurs sont plutôt accessibles, notamment à Singapour où la réglementation évolue vite pour accueillir l’innovation ». Par ailleurs, passer par des personnes présentes localement, qui connaissent la langue, la culture et le fonctionnement des institutions a permis aux équipes de Descartes Underwriting de gagner en temps et en efficacité.

Ces démarches et ce choix stratégique demandent toutefois un véritable temps de préparation, critique, notamment sur les enjeux réglementaires. « En Asie, nos enjeux ont surtout été liés aux politiques de ressources humaines parfois assez strictes : par exemple, dans un des pays où nous souhaitions créer une unité commerciale, la réglementation imposait que le directeur de l’unité soit diplômé d’une école parmi une liste prédéfinie par les autorités administratives ».

Avec 1,4 milliard d’habitants et un PIB de 17 450 milliards de dollars, la Chine est probablement le premier exemple qui vient en tête lorsqu’il s’agit de se développer en Asie. Minwei Yang, experte Asie de Business France a rappelé les capacités considérables de la Chine en R&D dans de nombreux secteurs technologiques, notamment dans la Greater Shanghai Area (Shanghai, Hangzhou) mais aussi à Chengdu, Shenzhen, Pékin, ainsi qu’un véritable dynamisme numérique, industriel et économique. Il peut aussi être tentant de diversifier sa présence en Asie, continent qui compte d’autres champions.

L’Inde fait partie de ces champions avec une croissance rapide de l’économie technologique, une population jeune et un environnement propice à l’investissement et à la recherche. Comme l’a rappelé Kamala Govindarajan, experte Inde de Business France, les Futures Licornes peuvent s’y développer dans de nombreux secteurs : l’industrie pharmaceutique y est valorisée à 38 milliards d’euros tandis que l’Inde est le premier pays en termes d’adoption des Fintech (87% de la population). Le e-commerce fonctionne aussi très bien puisque l’Inde est le troisième marché mondial, derrière les États-Unis et la Chine et connaît une croissance de 27% par an. Cet élan se confirme dans d’autres secteurs et bénéficie de la bonne relation et du partenariat stratégique entre l’Inde et la France notamment dans l’énergie la mobilité, l’industrie 4.0, l’aéronautique et le secteur spatial.

L’Asie peut-elle se réduire à la Chine et l’Inde ? Les deux géants représentent 2,8 milliards d’habitants mais n’occultent pas la puissance des acteurs en Asie du Sud-Est et en Océanie. C’est une zone en plein développement économique, comme l’a montré Fernando Alves, expert Business France de la zone et dont les atouts sont notamment sa population jeune et sa forte croissance démographique à l’image de l’Indonésie : hubs de startups dans le e-commerce, la healthtech, I’IA, l’âge moyen y est de 21 ans dont la population devrait passer de 270 millions d’habitants en 2022 à 320 millions d’habitants en 2045. En Indonésie, comme en Malaisie ou en Thaïlande, une classe moyenne a émergé, dopant la consommation intérieure et les investissements des entreprises. Dans ce contexte, les Futures Licornes ont une carte à jouer : si les capitaux sont là, ces pays manquent parfois de projets économiques dans lesquels les investissements peuvent être faits. C’est notamment le cas avec la cybersécurité en Australie ou en Malaisie.

La Corée du Sud, le Japon et Taïwan sont d’autres terres à explorer pour les Futures Licornes comme l’a rappelé Jérôme Julliand, expert Business France de la zone. Les marchés y sont exigeants et une erreur peut coûter cher mais vouloir y entrer permet de gagner en maturité et de mieux se préparer pour les futures étapes du développement. La Corée du Sud, avec ses ambitions technologiques affirmées, notamment dans les taxis volants et la 6G, est un hub d’innovation incontournable. Comme le Japon, elle est aussi confrontée à un taux de natalité en chute et a fortement investi dans la robotisation avec 932 unités pour 10 000 salariés, ce qui en fait le leader mondial.