Donald Trump, fervent défenseur du pétrole, pourfendeur du GIEC, friand des industries américaines traditionnelles, va-t-il faire plus pour l’écologie que tous les militants réunis et devenir – involontairement – l’allié objectif de la transition écologique et d’une forme de décroissance ?
La question mérite d’être posée au regard des droits de douane sans commune mesure annoncés cette semaine par l’administration Trump, avec notamment 20% de tarifs pour les produits en provenance de l’Union Européenne. De nombreux autres pays sont concernés. Les bourses plongent.
Cette remise en cause directe du libre-échange pourrait au moins à la marge redessiner les chaînes de valeur, celles-ci devenant toujours plus régionalisées et de moins en moins mondialisées. En d’autres termes, un raccourcissement des circuits d’échange donc des transports moins longs, moins carbonés. Une forme de décroissance logistique et réduction de l’empreinte carbone mondiale qui rappelle la gestion de la pandémie de Covid-19 par de nombreux pays et dont Donald Trump serait le premier VRP. Ici, pas de virus mais une quête de puissance et d’hégémonie renouvelée vis-à-vis du reste du monde.
Le repli protectionniste américain pourrait donc réduire certains échanges et la croissance. Les premières ripostes vont dans le sens de cette régionalisation avec les 25% de droits de douane annoncés par le Canada sur les importations automobiles en provenance des Etats-Unis. L’UE va quant à elle faire ses annonces prochainement.
Mais relocaliser ne se fait pas à coups de baguettes magiques. Encore faut-il avoir quelque chose à relocaliser, et un environnement propice à la relocalisation. C’est la problématique à laquelle est confrontée l’UE, elle qui doit revoir sa copie en matière de simplification, d’innovation, d’harmonisation, notamment à l’échelle des marchés de capitaux pour faciliter le financement des entreprises européennes. A terme, le Vieux Continent doit faire émerger des futures licornes, devenant ensuite licornes, puissantes et compétitives dans des secteurs d’avenir. La France en compte plusieurs : ChapsVision dans le logiciel, Pasqal dans le quantique, Néolithe dans les matériaux… Pour faire émerger ces entreprises et celles qui viendront, et leur permettre aussi d’aller à l’export, elles doivent pouvoir se développer sereinement en Europe.